mercredi 21 mars 2007

L'INTERNEMENT ET VOS DROITS


Nous nous permettons de reproduire ici un communiqué de presse du Groupe Information Asile qui témoigne du type d'actions qu'il est important de mener systématiquement en matière de libertés individuelles et qui prouve qu'elles peuvent réussir à faire changer les choses :
Communiqué de presse. Paris, le 17 octobre 2006.

L’INFIRMERIE PSYCHIATRIQUE DE LA PRÉFECTURE DE POLICE DE PARIS (IPPP) : UNE ZONE DE NON DROIT EN PLEIN CŒUR DE LA CAPITALE !

Audience GIA C/Préfet de Police de Paris, mercredi 25 octobre 2006, 9h30, salle n° 2, Tribunal Administratif de Paris, 7, rue de Jouy, 75004, Paris, métro : St Paul.

Par arrêté du 18/7/2002 faisant suite à un procès en fermeture de ce lieu d’enfermement psychiatrique très spécial et très secret de Paris intenté par le Groupe Information Asiles, le Préfet de Police de Paris dotait l’IPPP d’une charte d’accueil et d’un règlement intérieur nouveau, dans le texte déjà plus conformes à celles anciennes de 1873 (fondation d’un dépôt spécial des aliénés) et suite aux dispositions actuelles en matière de mesures provisoires d’internement d’office. Cela étant, aucune personne depuis l’été 2002 dont nous ayons eu connaissance et ayant eu à connaître d’un transfert dans cette " infirmerie " ne s’est vue remettre cette charte d’accueil (pourtant obligatoirement remise d’après le texte précité) ni ne s’est vue notifier ou informer sur ses droits …

Par recours gracieux du 17/3/2003, le GIA demandait au Préfet de Police de Paris de modifier cette charte d’accueil de sorte à rendre possible la présence d’un avocat auprès de quelque personne enfermée à l’IPPP qui le souhaiterait. Le Préfet de Police refusait cette requête par lettre du 30 avril 2003 en s’appuyant sur le fait que les mesures provisoires ne s’intégrant pas aux internements psychiatriques à proprement parler, il n’avait rien du genre droits de la défense à respecter. Or, l’article du Code de la santé publique qui légalise les mesures provisoires d’hospitalisation d’office s’intègre au chapitre sur l’internement d’office et par suite prend corps dans la loi qui légifère sur l’internement psychiatrique … Le Groupe Information Asiles demandait l’annulation de ce refus par requête déposée devant le Tribunal administratif de Paris, le 26 juin 2003. Les parties ayant maintenu leurs moyens, l’affaire est appelée à l’audience du tribunal administratif de Paris, le 25 octobre prochain à 9h30. NOUS CONVIONS LES MEDIAS A COUVRIR CETTE AUDIENCE.

En effet, l’affaire de l’existence même de l’IPPP ne manque pas d’être scandaleuse. Outre le fait que ce lieu d’enfermement préalable à un internement psychiatrique est érigé depuis 1961 sur un terrain appartenant à l’hôpital psychiatrique Ste Anne, au 3, rue Cabanis, 75014 (l’entrée du CH Ste Anne étant au 1 rue Cabanis) et que l’hôpital Ste Anne propriétaire du terrain réclame à corps et à cri la restitution de son terrain à la Préfecture de police de Paris laquelle ne daigne pas s’exécuter ne pouvant être expulsée que par elle-même … cet endroit qui est censé être un simple lieu de visite médicale destinée à ce qu’un internement psychiatrique soit prononcé ou non, est en fait un authentique lieu d’enfermement des personnes certes dont la durée n’excède pas 48 h, c'est-à-dire la durée d’une garde à vue sanitaire, mais où les personnes déférées sont enfermées en cellule, mises à nu et en pyjama ou en chemise de nuit, et pour certaines battues, ligotées, médiquées psychiatiquement de force, ne pouvant guère sortir que pour leurs besoins naturels, et encore faut il battre la porte de la cellule d’un quart d’heure à une demie heure pour y arriver. Un lieu d’enfermement donc sans aucun des droits à la défense des personnes gardées à vue dans un commissariat de police, et où sont transférées des personnes pour des motifs aussi légers que de simples nuisances de voisinage parfois pas même fondées, un différent avec tel vigile de tel établissement public, ou une prise de bec d’un patient d’un dispensaire psychiatrique avec l’équipe de soins lui refusant l’accès à une thérapie … etc.

A noter qu’aucune autre métropole de France n’est dotée d’une pareille structure, les mesures provisoires préalables à un internement psychiatrique étant effectuées en milieu hospitalier. Mais Paris ayant un statut à part, la Police peut y avoir la main sur l’hospitalisation psychiatrique même libre, puisque certaines personnes qui sont déférées à l’IPPP sont ensuite envoyées dans leur établissement psychiatrique de secteur sous régime libre (l’hospitalisation libre est une hospitalisation de droit commun non privative de liberté) ou à la demande d’un tiers, ou bien encore ressortir libres. Voir également les réquisitions constantes de l’IPPP tant en direction de l’hôpital Ste Anne que d’autres structures psychiatriques parisiennes, leur réclamant des comptes rendus sur tel ou tel patient, pouvant être suivi contractuellement, en pleine violation et du secret médical et des droits des patients pourtant réaffirmés par la loi du 4 mars 2002. A Paris, la Préfecture de Police de Paris entend, ainsi que le dénoncent quantité de psychiatres hospitaliers et les associations de patients, avoir la main mise sur le suivi psychiatrique des personnes, via son infirmerie très spéciale … Dans laquelle aucun journaliste à ce jour n’a pu ni pénétrer ni bien sûr faire un quelconque reportage. Seules des personnes y ayant été déférées sont à même d’en attester, et de pouvoir parler.

Nous renvoyons à ce sujet à :

Libération, 18 mai 2006, " Interné à vue " d’Eric Favereau.
Enfermez les tous, de Philippe Bernardet et Catherine Derivery, R. Laffont, 2002.
Asiles de la honte, de Pascal Colombani, Editions Carnot, 2001.
Le quotidien du médecin, 7 octobre 2002, page 23.
Libération 4 octobre 2002 : " A Paris, la police s’accroche à son asile " de J. Durand.
AFP 2 octobre 2002 : Demande de fermeture de l’infirmerie psychiatrique de Paris…

Nous appelons les médias contactés à couvrir largement cette audience.
Depuis, le jugement dans cette affaire a été rendu et voici ce que le GIA a réussi à obtenir :
L'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris (IPPP) : une zone de non droit en plein coeur de la capitale !

Audience au Tribunal Administratif de Paris : Aff. GIA c/ Préfet de Police de Paris -
Communiqué du GIA - Compte rendu de l'audience du 25/10/06 au TA de Paris "Le bunker de l'infirmerie psychiatrique pourrait s'entrouvrir" Article Le Parisien 26/10/06

Le Groupe Information Asiles gagne une importante bataille contre le Préfet de Police de Paris :
le Tribunal administratif de Paris annule le refus du Préfet de Police de mentionner, dans la charte d'accueil des personnes amenées à l'IPPP, leur droit d'accès à un avocat de leur choix. A partir de ce jour, 22 novembre 2006, plus aucune mesure d'internement à l'IPPP, considérée comme hospitalisation d'office, ne sera légale tant que la situation n'aura pas été régularisée
Jugement du 22/11/06 notifié le 11/12/06 - La préfecture de police de Paris condamnée. Toute personne retenue à l'infirmerie psychiatrique aura droit à un avocat - Article Libération - Article Le Parisien - L'infirmerie sans garde-fous de la préfecture de police de Paris. L'IPPP échappe à tout contrôle sanitaire. Toutefois, les personnes "retenues" pour "troubles mentaux" - plus de 2.000 en 2005 - vont pouvoir bénéficier d'un avocat : Le Monde 29/12/06 - Une lettre du Préfet de Police de Paris et témoignage d'une ancienne interne de l'IPPP publiés dans le journal Le Monde du 16/01/07 suite à l'article précédent.

mardi 20 mars 2007

REVOLUTION DANS LE DOMAINE DE L'ETHIQUE MEDICALE


(Illustration de La douleur, un mal à combattre / Th. Delorme - Découverte Gallimard)


Dans son édition du Mercredi 7 fébrier 2007, Libération publie un article à propos d'un événement dont la portée a été largement sous-estimée.

Pour rappel, en 2005, le prestigieux Institut National de la Recherche Médicale publiait une étude intitulée "Trouble des conduites chez l'enfant et l'adolescent". Dans le cadre de son plan de prévention contre la délinquance, largement inspiré par ce texte, le gouvernement prônait une notamment une détection très précoce des « troubles comportementaux » chez l’enfant, censés annoncer un parcours vers la délinquance. Dans ce contexte l'expertise de l’INSERM précitée, qui préconise le dépistage du « trouble des conduites » chez l’enfant dès le plus jeune âge, fut particulièrement visée.

Cette étude provoqua un véritable tollé chez tous les professionnels ayant à faire avec la petite enfance (éducateurs, pédo-psy, pédiatres, psychologues, associations de parents, professeurs, etc.). Des professionnels concernés lancèrent alors une pétition nationale intitulée "Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans" (http://www.pasde0deconduite.ras.eu.org/appel) qui reçut pas moins de 191 900 signatures à ce jour.

En voici un extrait :

"Les professionnels sont invités à repérer des facteurs de risque prénataux et périnataux, génétiques, environnementaux et liés au tempérament et à la personnalité. Pour exemple sont évoqués à propos de jeunes enfants « des traits de caractère tels que la froideur affective, la tendance à la manipulation, le cynisme » et la notion « d'héritabilité (génétique) du trouble des conduites ». Le rapport insiste sur le dépistage à 36 mois des signes suivants : « indocilité, hétéroagressivité, faible contrôle émotionnel, impulsivité, indice de moralité bas », etc. Faudra-t-il aller dénicher à la crèche les voleurs de cubes ou les babilleurs mythomanes ?

Devant ces symptômes, les enfants dépistés seraient soumis à une batterie de tests élaborés sur la base des théories de neuropsychologie comportementaliste qui permettent de repérer toute déviance à une norme établie selon les critères de la littérature scientifique anglo-saxonne. Avec une telle approche déterministe et suivant un implacable principe de linéarité, le moindre geste, les premières bêtises d’enfant risquent d’être interprétés comme l’expression d’une personnalité pathologique qu’il conviendrait de neutraliser au plus vite par une série de mesures associant rééducation et psychothérapie. A partir de six ans, l’administration de médicaments, psychostimulants et thymorégulateurs devrait permettre de venir à bout des plus récalcitrants. L’application de ces recommandations n’engendrera-t-elle pas un formatage des comportements des enfants, n’induira-t-elle pas une forme de toxicomanie infantile, sans parler de l’encombrement des structures de soin chargées de traiter toutes les sociopathies ? L’expertise de l’INSERM, en médicalisant à l’extrême des phénomènes d’ordre éducatif, psychologique et social, entretient la confusion entre malaise social et souffrance psychique, voire maladie héréditaire
."

Leur analyse sur les motivations cachées de ce texte, en dehors de ses motivations sécuritaires, sont tout aussi intéressantes :

"Ce que proposent les experts

Trois classes de médicaments non spécifiques existent : les antipsychotiques, les
psychostimulants et les thymorégulateurs. Leur action est supposée essentiellement « antiagressive».

Les experts proposent de :

- Développer de nouveaux essais cliniques avec des associations de médicaments.
- Favoriser la recherche de nouvelles molécules notamment d’identifier des molécules
susceptibles de réduire les comportements impulsifs par actions sur les
neuromédiateurs. Il s’agit « de rechercher de nouvelles molécules d’intérêt pour la
prévention et la correction du trouble des conduites » (p 381).

Les remarques de Pasde0deConduite

Il existe peu de données de psychopharmacologie chez l’enfant et l’adolescent : la plupart des données d’efficacité et de tolérance ont été obtenues chez l’adulte. Les experts soulignent d’ailleurs que ces essais ont été, le plus souvent, effectués chez l’adulte et « dans d’autres indications que le trouble des conduites » (p 285).

Aux USA, près de 8 millions d’enfants de 3 à 20 ans prennent aujourd’hui des psychotropes :

antidépresseurs, calmants, ou psychostimulants (notamment de la Ritaline). Dans ce pays,certains professeurs incitent les parents à aller consulter un psychologue, un médecin afin decalmer par un traitement médicamenteux les enfants déclarés hyperactifs. Les laboratoires sont les premiers bénéficiaires de la mise en place des programmes de dépistage psychologique dans ce pays. De nombreuses associations américaines se mobilisent pour protester contre la montée en puissance de la médicalisation des écoliers, collégiens et lycéens. Des alertes sur les recrudescences de suicide ont amené la Food and Drug Administration (l’équivalent de notre Afssaps) à inscrire des avertissements sur les boites de médicaments.

En France, en 2004 et tout récemment en 2006, l’Afssaps a rappelé que la prescription d'un antidépresseur ne doit intervenir qu'en seconde intention, dans le cadre d'une dépression majeure. Ainsi, si la prescription d'un antidépresseur s'avère nécessaire chez un enfant ou un adolescent, une surveillance étroite du patient doit être effectuée et s'accompagner de la recherche d'un comportement suicidaire, surtout en début de traitement. Il avait même été question, en 2004, d’interdire la prescription d’antidépresseurs chez les enfants de moins de18 ans.

En France, la prescription de psychotropes chez l’enfant est longtemps restée un tabou. Ni les pédopsychiatres en dehors de quelques services1, ni les pédiatres, ni les généralistes ne prescrivent facilement de psychotropes. Toutefois, les statistiques montrent que le nombre de boites de Ritaline vendues est en forte croissance. Ainsi, en 2004, 7 000 enfants étaient sous Ritaline, soit six fois plus qu’en 1997.

L’annonce des chiffres de prévalence du trouble des conduites évoquant jusqu’à 9% des enfants atteints ne peut manquer de faire évoquer une stratégie visant à promouvoir une nouvelle maladie (le trouble des conduites), avec son traitement psychotrope à la clé. Nous en avons l’habitude en France, grande consommatrice de psychotropes où près de 20% des prescriptions d’antidépresseurs chez l’adulte sont considérées comme non justifiées.

De plus de nombreux médecins pensent que prescrire des psychotropes chez le tout petit est pure folie, alors que la structure cérébrale n’est pas encore complètement mise en place et que l’on ne dispose pas d’études réalisées chez l’enfant.

Dans les traitements proposés du « trouble des conduites » au sens retenu dans l’expertise de l’Inserm, si les thérapies à visée rééducatives ne marchent pas, ce sont des traitements médicamenteux qui seront proposés, avec dans ce cas des prescriptions à long terme : en effet l’effet attendu des médicaments psychotropes est de calmer le « trouble », mais les molécules n’ont pas pour fonction de « guérir » une conduite…

Plus grave, au-delà des aspects « thérapeutiques » qui viennent d’être examinés, les experts évoquent des traitements préventifs, c’est à dire censés prévenir l’apparition du trouble des conduites et donc proposent une indication à partir des facteurs de risque.

Il y a danger pour nos enfants.

(1) Services dont sont d’ailleurs issus les experts du rapport Inserm
"

Souvent nous pensons que ces pétitions ne mènent nul part, sauf que celle-ci a vu son action totalement couronnée de succès. En effet, le 16 juin 2006, le gouvernement renonçait à inclure dans sa réforme les articles portant sur la prévention de la délinquance chez les très jeunes enfants.
Quelques temps plus tard, l'INSERM admettait à demi-mot certains aspects non vérifiés et non scientifiques de la méthodologie ayant été utilisée dans la réalisation de cette expertise. Le porte parole de l’Inserm annonçait que les méthodes de travail des expertises Inserm dans le domaine psychique seront revues. Il y aura, notamment, prise en compte de la diversité des approches épistémologiques et pratiques, comme de l'expérience des acteurs de terrain et de l’apport des sciences humaines et sociales concernées par les problématiques considérées. "La multidisciplinarité est une condition d'une démarche éthique et scientifique", a considéré Jean-Claude Ameisen, président du comité d'éthique de l'Inserm. Jean Marie Danion, professeur de psychiatrie à Strasbourg, directeur de l'unité Inserm 666 et porte parole de l'Institut précise : "Désormais lorsqu'une expertise aura de fortes implications sociétales, comme celle-là, nous demanderons aux professionnels de terrain de nous faire des propositions sur les noms d'experts à consulter. Puis, à l'issue de ce travail, mais avant sa publication, nos interlocuteurs y auront à nouveau accès, afin de ne pas donner l'impression d'un texte détenteur d'une réalité intangible. Il nous faut également rejeter toute approche sécuritaire, en étant d'une vigilance sans faille vis-à-vis des risques de récupération politique".

Mais le clou de cette action fut la décision très attendue du Comité National d'Ethique saisit par ce collectif qui émit en février dernier un avis hautement défavorable sur la rapport de l'INSERM. Plus que le simple fait, ce sont les termes et l'argumentaire qui sont intéressants, voire primordial. Voici comment Libération relate cet événement :

C'est rafraîchissant. En rendant public son avis «sur la détection de certains troubles du comportement chez le très jeune enfant», le Comité national d'éthique se paye le très prestigieux Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Il critique vertement l'expertise collective de l'Institut qui tendait à établir des liens entre troubles de la conduite chez l'enfant et délinquance future. (...)

Choix. Ce sont d'ailleurs les auteurs de cette pétition qui ont, au printemps dernier, saisi le Comité national d'éthique. Bien leur en a pris, tant la réponse des sages leur est favorable. D'abord, l'objet même du travail de l'Inserm est remis en cause : «Il convient de souligner l'ambiguïté de la définition du "trouble des conduites" car elle tend à occulter les frontières entre pathologie et délinquance, entre démarche médicale et démarche judiciaire.»
De même, le comité s'étonne du choix très particulier des experts, tous ou presque appartenant à la même école de pensée. Le comité se permet ensuite de leur donner un petit cours d'histoire de rattrapage : «La tentation de réduire, classer et hiérarchiser l'ensemble des dimensions de la complexité des comportements humains à l'aide d'une seule grille de lecture, et de s'en servir pour prédire l'avenir des personnes est une tentation ancienne.
Certains pensent aujourd'hui pouvoir tout lire de l'identité et de l'avenir d'un enfant par l'étude de son comportement, de la séquence de ses gènes, ou par l'analyse en imagerie de ses activités cérébrales... L'histoire des sciences nous révèle la vanité de tenter de réduire à tel ou tel critère la détermination de l'avenir d'une personne.»

Boule de cristal. De fait le comité d'éthique suit une ligne de conduite cohérente, s'inquiétant de la place que prend la génétique dans la médecine, perçue comme une véritable boule de cristal. Les sages rappellent cette évidence : «Les facteurs de risque sociaux ou environnementaux apparaissent comme au moins aussi déterminants pour les comportements ultérieurs que les facteurs génétiques, neurobiologiques ou psychologiques individuels de l'enfant.» Mettre en avant des prédispositions génétiques risque, de plus, de mettre des enfants «à l'écart», et de les stigmatiser en les considérant «comme des enfants différents et dangereux».
Très logiquement il se montre opposé à une tendance de la pédopsychiatrie qui vise à prescrire des psychotropes aux enfants trop agités. «Cette administration de médicaments psychotropes ou anxiolytiques à de jeunes enfants est une facilité à laquelle notre société se doit de ne pas céder.» Et pour ceux qui n'ont pas compris ce rappel à l'ordre, une piqûre de rappel : «La médecine doit d'abord considérer l'enfant comme un enfant en souffrance et en danger, qu'il faut accompagner, et non pas comme un enfant éventuellement dangereux, dont il faudrait protéger la société... Nous redisons notre opposition à une médecine qui serait utilisée pour protéger la société davantage que les personnes.»
"
Et le journaliste de conclure :

"Rarement, en tout cas, les sages ont pris une position aussi ferme."

Effectivement ! Il s'agit même d'une petite révolution dans le domaine de la recherche, de la médecine et de la psychiatrie sociale mais surtout de l'éthique médicale en général.

lundi 19 mars 2007

PROJET DE BROCHURE REGROUPANT DES TEMOIGNAGES SUR L'INTERNEMENT


Je me permet de reproduire une annonce passée par une ancienne victime d'internements forcés qui souhaite publier une brochure regroupant des témoignage d'autres victimes :

Projet de brochure de témoignages autour de l'hôpital psy.

J'ai pour projet de publier une brochure donnant davantage de visibilité aux traitements forcés en psychiatrie.

Ayant douloureusement vécu plusieurs internements forcés, et constatant le peu d'information sur les conditions de détention dans les hôpitaux psychiatriques, je trouverais interessant de rendre publics certains récits (souvent cauchemardesques) sur la manière dont on traite les "fous".

J'aimerais donc publier une brochure regroupant des temoignages, anonymes ou pas, de personnes ayant subi des internements forcés. Vous êtes libres d'adopter la forme que vous souhaitez. Voila, j'attends vos récits sur antipsy@no-log.org.


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samedi 17 mars 2007

LOGO "TOUCHE PAS A MES GAMINS"


Si vous considérez qu'il existe des méthodes alternatives et que les psychiatres recourent trop systématiquement à l'administration de drogues psychotropes aux enfants rencontrant des problèmes au lieu de s'occuper des vraies causes de leurs troubles, vous pouvez utiliser ce logo sur votre site ou votre blog.

vendredi 16 mars 2007

AUTISME ET PSYCHIATRIE


Une association et une initiative à soutenir :

L’association Léa Pour Samy, qui vient en aide à des milliers de parents d’enfants atteints d’autisme chaque année, a déposé plainte contre X, le 27 septembre 2006, pour discrimination à l’égard des enfants atteints d’autisme.

La prise en charge des enfants atteints d’autisme reste la plus catastrophique des pays occidentaux. Depuis des années, et sans réelle justification, les enfants français atteints d’autisme n’ont pas :- L’accès à un diagnostic précoce- L’accès à des soins efficaces- L’accès à l’Ecole- L’accès à une vie d’adulte

Des erreurs de diagnostic généraliséesLes parents réagissent généralement très tôt sur les troubles de leur enfant, ce qui laisse suffisamment de temps pour un diagnostic et un accompagnement adaptés dans n’importe quel autre pays européen. Sauf en France : la majorité des médecins ignore tout de l’autisme et préconise, au bout de quelques précieuses années d’errements, des « soins » psychiatriques totalement désastreux pour la mère et pour l’enfant.

Chaque enfant atteint d’autisme est admis généralement avec le faux diagnostic de « psychose infantile » voire sans diagnostic, en hôpital de jour, et, est facturé 600 euros/jour à la Collectivité.Un système éducatif et social démissionnairesLe système d’évaluation médico-socio-éducatif « à la française » impose des orientations qui vont invariablement à l’encontre des intérêts de l’Enfant atteint d’autisme. Les commissions s’appuient sur les conclusions d’ « experts » psychiatres qui n’ont aucune compétence en matière d’autisme pour donner un avis.Sans autre recours, les parents français doivent confier l’avenir des plus vulnérables de leurs enfants à des interlocuteurs dont la majorité se complait dans l’erreur médicale.

La situation reste bloquée, sous l’influence visible de lobbies dont les intérêts n’ont aucun rapport avec le bien être des enfants, des familles, l’application de la Loi.

Des centaines de milliers de parents livrés à eux-mêmes 400 000 enfants atteints d’autisme ou de troubles envahissants du développement seraient laissés sans diagnostic, ni éducation, ni soins.

Pour la majorité des familles, l’un des parents doit abandonner son travail pour se consacrer à son enfant, ou tout simplement le garder, faute de professionnels disponibles. Une prise en charge hospitalière sans garde fouLes cas d’abus de pouvoir médical se multiplient.Exemple : le cas de cette jeune maman d’un enfant atteint d’autisme signalée par un psychiatre qui accuse celle-ci d’être responsable de l’état de son enfant. Il demande l’internement de l’enfant dans son centre et l’hospitalisation de la maman. Le Juge des Enfants ordonne l’internement sans même vérifier si le psychiatre a une quelconque compétence en matière d’autisme.Résultat : ce petit garçon (âgé de 8 ans) se retrouve otage, pour des années, d’un praticien « tout puissant » qui ne connaît rien à cette maladie.

En guise de « traitement », l’enfant se voit, entre autres, enveloppé régulièrement dans des draps trempés d’eau froide jusqu’à ce qu’ils soient réchauffés par son corps. Pour un adulte c’est déjà assez terrifiant, mais que dire pour un enfant dont la maladie est caractérisée par une hypersensibilité et par la hantise absolue d’être bloqué dans ses mouvements ?

Ce n’est malheureusement pas un exemple isolé de dérive du système.

Pourtant les solutions existent…

Chez nos voisins européens, des diagnostics précoces et des accompagnements pluridisciplinaires très efficaces sont financés par les Gouvernements depuis des années, mais la France s’obstine à refuser toute avancée dans le domaine des soins des enfants atteints d’autisme. Les fonds publics continuent de financer des « traitements » injustifiés, dont personne ne sait rien et qui sont pourtant pratiqués tous les jours dans les plus grands hôpitaux publics du pays.

Malgré des actions individuelles, collectives, associatives, les rencontres avec les responsables publics, les rapports officiels et les recommandations, rien ne bouge pour les millions de personnes concernées de près ou de loin par cette catastrophe sanitaire. La démission de l’Etat semble totale.

Dans le cadre de l’instruction de la plainte contre X pour discrimination déposée par Léa pour Samy, seront sollicitées :

- la délégation de ce dossier complexe relevant de la santé publique à un juge très avisé- la convocation par ce juge des Hauts Fonctionnaires du Ministère de la Santé et de hauts responsables de l’Etat pour rendre compte

- la nomination d’un expert étranger afin de faire la lumière sur la manière dont l’Etat traite l’autisme, cause de maltraitances sanitaires psychiques et physiques, aussi bien que de discriminations.

Cette plainte sera suivie d’une plainte collective des familles d’enfants atteints d’autisme pour discrimination et d’autres plaintes au cas par cas contre les services, organismes, instances administratives, particuliers qui auraient atteints les droits fondamentaux de l’Enfant ou de ses parents.

LEA POUR SAMY – La Voix de l’Enfant Autiste, 51 rue Léon Frot 75011 PARISTel : 01.47.00.47.83 – 06.09.85.70.22
leapoursamy@wanadoo.fr www.leapoursamy.com

jeudi 15 mars 2007

LA LOI DU PLUS FACILE


Image de Marianne Guémèche (http://ateliercreactif.free.fr/images.html)

Aux USA, il existe une véritable école de pensée de psy pour qui les comportements jugés asociaux sont effectivement causés par des dysfonctionnement cérébraux.

Cette école de pensée, bien évidement contestable sur le plan scientifique et largement contestée au demeurant a pourtant réussi à imposer et à faire adopter par des comités d’experts créés par l’administration Bush, ce qui s’appelle là bas le "screening".

En d’autres termes, un examen obligatoire de tout individu afin de déterminer l’existence de dysfonctionnements du comportement et donc de dysfonctionnement cérébraux pouvant être corrigés par un apport médicamenteux et ce, dès la plus petite enfance. Les premières cibles de ce "screening", les enfants des écoles.

Inutile de dire, qu’à la tête de ces comités siégeaient des grands patrons ou cadres de l’industrie pharmaceutique très proches de Bush.

C’est, en fait, une forme de neo-eugénisme qui ne veut pas dire son nom. Le fameux rapport de l’INSERM sur la prévention de la délinquance largement décrié et qui heureusement fait aujourd’hui l’objet d’une mise en garde de l’INSERM, était directement issue de ce lobby américain.

Ses rédacteurs pour beaucoup, mais surtout le coordinateur de cette étude, sont des leaders d’une nouvelle science appelée la "génomique cognitive" - autrement dit, la manipulation génétique afin de modifier le cerveau pour "prévenir" les troubles du comportement.
Je cite comment ils se définissent eux-mêmes: "Les avancées des sciences cognitives et de la génétique ont suivi, en France, des voies parallèles, du fait de la spécialisation des techniques dans chacun des deux secteurs, et aussi de certaines réticences idéologiques ( !!). Dans d’autres pays, pourtant, des cognitivistes de formation et des molécularistes ont su créer un champ de recherche impliquant cognition et génétique."

C’est sur ce même modèle que, par exemple, les programmes visant à la généralisation de la Ritaline pour soigner l’hyper activité ont été développés. On s’aperçoit aujourd’hui que bizarrement, ce sont les populations noires des ghettos ont des enfants hyper actifs dans leur grande majorité.

Bien sur, il ne vient jamais à l’idée à ces experts que la population des ghettos se nourrit principalement de hamburger frittes et que des troubles du comportement peuvent suivre suite à un régime carencé, que c’est une population souvent sous éduquée et que des mômes dont les parents fonctionnent avec 4 000 mots en tout vont être très perturbés à leur entrée au CP, que c’est une population sous médicalisée et que beaucoup de jeunes hyperactifs ont simplement besoin d’une paire de lunettes à leur vue, que le vécu dans un univers de violence n’est peut être pas sans influence sur le comportement des élèves, sans parler des problèmes multiples engendrés par les conditions sociales de chaque individu, etc.

Mais il se trouve, que le traitement social de ces problèmes, sont bien plus complexes et coûteux à mettre en oeuvre que l’administration d’une simple pilule pour leur faire acquérir un comportement social acceptable.

Ce n’est pas la logique scientifique qui les étouffe. Bien au contraire, au Canada (qui a adopté les mêmes programmes), un couple a été condamné pour non assistance à personne en danger ( !) pour avoir refuser d’administrer de la Ritaline à leur gosse. Ils prétextaient (ces idiots "non scientifiques") que les troubles de la soit disante hyper activité de leur gamin étaient apparue lorsqu’ils lui avaient annoncé leur intention de divorcer.

C’est une vision véritablement fasciste de la société où l’individu, son vécu, ses expériences, son environnement, sa propre personnalité, et au final, sa responsabilité sont ramenés à une simple histoire d’influence génétique et de disfonctionnement ou de "maladie" cérébrale. Et c’est un peu comme si les vieilles théories des scientifiques nazis avaient été toilettées de leur obsessions raciales, pour nous être resservies, toutes propres, toutes belles.

Je suis peut être un peu catastrophiste, mais à l’allure où vont les choses, c’est probablement un des plus importants combats dans le futur en matière de liberté individuelle qui est en train de se jouer et qui se jouera dans les prochaines années autour de ce thème.

mercredi 14 mars 2007

COMPARAISON ENTRE UN TRAITEMENT PSYCHIATRIQUE FORCE ET LE VIOL


Voici un texte écrit par Lawrence Stevens, un avocat qui s'est spécialisé dans la défense des malades mentaux ou des personnes ayant reçu des traitements forcés. Il compare dans un texte les traitements forcés et le viol sexuel. En effet, quel est le pire ?
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L'administration forcée d'un médicament psychiatrique (ou d'un prétendu traitement comme les électrochocs) est une sorte de tyrannie qui peut être comparée, physiquement et moralement, au viol. Comparez le viol sexuel et l'administration involontaire d'un médicament psychiatrique, injecté intra-musculairement dans une fesse, qui est la partie de l'anatomie où l'injection est habituellement faite : dans le viol sexuel comme dans l'administration involontaire d'un médicament psychiatrique, la force est utilisée.

Dans les deux cas les pantalons de la victimes sont abaissés. Dans les deux cas, un tube est inséré dans le corps de la victime contre son gré. Dans le cas du viol sexuel, le tube est un pénis. Dans le cas de ce qu'on pourrait appeler un viol psychiatrique, le tube est une aiguille hypodermique. Dans les deux cas, un fluide est injecté dans le corps de la victime contre son gré. Dans les deux cas, c'est dans (ou près) du derrière.

Dans le cas du viol sexuel, le fluide est du sperme. Dans le cas du viol psychiatrique, le fluide est du Largatil, du Prolixin ou une autre drogue handicapant le cerveau. L'invasion corporelle est similaire dans les deux cas, sinon (pour des raisons que j'expliquerai) pire, dans le cas du viol psychiatrique. Similaire aussi est le sentiment d'outrage dans l'esprit de la victime de chaque type d'agression. Comme le disait Thomas Szasz, professeur de psychiatrie, "la violence est la violence, peut importe qu'elle soit nommée une maladie psychiatrique ou un traitement psychiatrique". Certains, qui ne sont pas "hospitalisés" (c'est-à-dire emprisonnés), sont forcés, sous la menace d'emprisonnement ("hospitalisation"), de se présenter dans un cabinet de médecin toutes les deux semaines pour une injection d'un neuroleptique à longue durée d'action comme le Prolixin.

Pourquoi le viol psychiatrique est-il pire que le viol sexuel? [...] La partie de votre corps la plus essentielle et la plus intime n'est pas celle entre vos jambes mais celle entre vos oreilles. Une agression du cerveau d'une personne comme l'imposition d'un "traitement" handicapant ou dommageable pour le cerveau (comme un psychotrope, un électrochoc ou une chirurgie cérébrale) est un crime visant l'intimité moralement plus horrible qu'un viol sexuel. En termes moraux, le viol psychiatrique est un crime plus grave que le viol sexuel pour une autre raison: l'administration involontaire des "thérapies" biologiques de la psychiatrie provoque des dommages permanents au cerveau.

Ceci, contrastant avec le fait que, chez la femme violée, la fonction sexuelle reste habituellement intacte. Elles souffrent bien sûr d'un traumatisme psychologique, mais les victimes d'agressions psychiatriques aussi. J'espère que ces propos ne seront pas interprétés comme minimisant le traumatisme et l'horreur du viol sexuel si je fais la remarque que j'ai défendu en justice des femmes victimes de viol sexuel et que chacune de cette demi-douzaine (environ) de femmes que j'ai connues ont repris une vie sexuelle apparemment normale, et dans la plupart des cas se sont mariées et ont fondé une famille.

Au contraire, les cerveaux des personnes ayant subi l'agression psychiatrique ne sont souvent pas complètement fonctionnels à cause des dommages physiques et biologiques provoqués par le "traitement". Dans un débat télévisé en 1990, le psychanalyste Jeffrey Masson, Ph.D., a dit qu'il souhaitait que les responsables de telles "thérapies" feront face un jour à des "procès de type Nuremberg" (Geraldo, Nov. 30, 1990).
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Lawrence Stevens, avocat, a défendu des patients psychiatriques en justice. Ses écrits ne sont pas protégés par le droit d'auteur. Vous êtes encouragés à en faire des copies pour en faire bénéficier d'autres personnes.

mardi 13 mars 2007

LES "MEDICAMENTS" TUENT AUSSI


Dépèche de l'AFP indiquant qu'il n'y a pas qu'en France que ces produits posent problème. Mais, les pouvoirs publiques français semblent nettement plus lents et réticents à agir.
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L’administration américaine chargée du contrôle alimentaire et pharmaceutique (FDA), a décidé vendredi d’imposer les mises en garde les plus fermes possibles contre le risque accru de tendances suicidaires chez les jeunes traités avec des anti-dépresseurs.

Les emballages de ces médicaments devront désormais avoir un avertissement bordé de noir “black box” qui est le plus fort utilisé par la FDA pour prévenir les médecins et aussi les patients contre les dangers potentiels d’un traitement. La FDA a ainsi suivi, comme elle l’avait déjà laissé clairement entendre, les recommandations d’un comité d’experts indépendants qui s’était prononcé en septembre dernier par 15 voix contre huit pour une telle mesure. “Cette décision résulte des conclusions de la FDA concernant le risque accru de pensées suicidaires et de la nécessité d’informer les médecins prescrivant ces anti-dépresseurs ainsi que les enfants et les adolescents à qui ils sont destinés”, a déclaré dans un communiqué le commissaire par interim de la FDA, le Dr. Lester Crawford. “Nos conclusions sont basées sur les informations scientifiques les plus récentes et les meilleures qui sont disponibles”, a-t-il ajouté. “Elles reflètent ce que nous avons entendu de notre comité d’experts aussi bien que du public”, a précisé le Dr. Crawford.

Il a aussi souligné que la FDA s’était efforcée d’équilibrer le risque accru de tendances suicidaires et les effets positifs prouvés des anti-depresseurs pour traiter les enfants et adolescents dépressifs. “Nous continuons à penser que ces médicaments sont efficaces quand ils sont utilisés à de façon appropriée”, a insisté le Dr Crawford.

Les conclusions du comité étaient basées sur une série d’essais cliniques ayant été conduits sur plus de 4.000 jeunes par les fabricants des cinq principaux anti-dépresseurs prescrits aux Etats-Unis. Ces études ont montré qu’un jeune prenant ces anti-dépresseurs avait deux fois plus de risques d’avoir des pensées suicidaires qu’un autre à qui on avait administré des placebos. Aucun suicide n’a eu lieu dans ce groupe, a précisé la FDA.

Mais plusieurs parents dont les enfants se sont suicidés et ayant pris des anti-dépresseurs, avaient été entendus par le comité d’experts de la FDA.

Selon les études cités précédemment, le Celexa, le Prozac et le Zoloft présentent le risque le plus faible d’accroître les pensées suicidaires. En revanche, le Luvox, l’Effexor et le Paxil se sont révélés provoquer le plus de tendances au suicide, ont indiqué ces chercheurs. Le Prozac est le seul anti-dépresseur autorisé pour soigner les jeunes dépressifs. Mais les nouveaux avertissements devront figurer sur tous les antidépresseurs commercialisés aux Etats-Unis, a indiqué la FDA.

La rapidité avec laquelle la FDA a pris sa décision –un mois après les recommandations d’experts– est inhabituelle. Elle intervient au moment où l’agence est sous le feu des critiques pour la pénurie actuelle de vaccins anti-grippe et le récent retrait du marché de Vioxx, un anti-inflammatoire, en raison des risques cardiaques qu’il présentait. © AFP
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lundi 12 mars 2007

PSYCHOTROPES - ATTENTION


Voici des extraits d'un article paru dans Le Figaro, le 30 juin 2006, qui nous rapelle la place effrayante que l'utilisation de drogues psychotropes prescrite par le milieu médical a pris dans notre société. Il semble qu'il est à la fois plus facile et plus rémunérateur, d'utiliser des substances qui ont pour propriété de faire disparaître les symptomes que de traiter les causes d'un mal être. Les problèmes qui engendre cet inconfort qu'ils soient sociaux ou strictement personnels, sont ainsi parfaitement évacués par ceux qui sont supposés y faire face ou ceux supposés y répondre.
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La consommation est deux fois plus importante en France qu'en Europe, avec des effets secondaires non négligeables.

Un rapport de l'office parlementaire d'évaluation des politiques de santé rendu public hier au Sénat s'inquiète de la surconsommation en France des médicaments psychotropes (tranquillisants, antidépresseurs, somnifères...). Pour endiguer ce phénomène préoccupant depuis longtemps, ce document, coordonné par Maryvonne Briot, députée, fait toute une série de recommandations aux pouvoirs publics. Il faudrait, réclame-t-elle, promouvoir le respect des bonnes pratiques en améliorant la formation initiale et continue des médecins ; améliorer la régulation du médicament en généralisant les études d'évaluation des bénéfices et des risques ; mieux associer la délivrance de psychotropes et la prise en charge psychologique...

Ce travail parlementaire (...) confirme la persistance d'une situation exceptionnelle de la France par rapport à ses voisins : la part de la population ayant pris un psychotrope au cours des douze derniers mois est deux fois supérieure à la moyenne des pays voisins. Avec quelques nuances, puisque la durée moyenne de consommation est plus faible chez nous que dans les autres pays. Les femmes en usent deux fois plus souvent que les hommes, les personnes âgées bien plus que les jeunes.

Le recours aux psychotropes déjà relevé dans les années 1980 n'a fait qu'empirer : le montant des remboursements de l'assurance-maladie pour ces produits est estimé en 2004 à un milliard d'euros, alors qu'en 1980 il était de 317 millions d'euros. Une croissance liée à la fois à une augmentation des volumes prescrits et au coût accru des nouvelles molécules. Par ailleurs, un fait est particulièrement notable : les antidépresseurs représentent aujourd'hui plus de 50% des ventes, contre 25% en 1980, alors que celles des anxiolytiques et des hypnotiques sont restées stables. (...)

Prescriptions inadéquates

Par ailleurs, l'usage des psychotropes est souvent incorrect : 80% sont délivrés par des généralistes qui ne respectent pas toujours les recommandations professionnelles et les limitations de durée de prescription. «La moitié des personnes consommant des antidépresseurs et plus de deux tiers de celles ayant des anxiolytiques et hypnotiques ne présentent pas de troubles psychiatriques relevant d'une telle indication, souligne ce travail. (...) Le niveau élevé de la consommation française n'implique donc pas une meilleure couverture des besoins sanitaires.»

Les conséquences en terme de santé publique de cet excès restent mal documentées. Les médicaments à base de benzodiazépines (hypnotiques et tranquillisants) sont connus pour avoir des effets négatifs sur les performances intellectuelles et en particulier sur la mémoire à court terme. «Du fait de la proportion importante de personnes exposées à ces médicaments, une augmentation même minime du risque de détérioration cognitive pourrait générer un nombre significatif de cas de démence, avec de larges répercussions sur la santé des populations âgées», précise le document.

Pour ce qui est des antidépresseurs, quelques essais thérapeutiques ont suggéré un risque accru d'idées suicidaires, chez les enfants et les adolescents en particulier. (...) Enfin, les psychotropes ont été impliqués dans les accidents de la voie publique et les chutes des personnes âgées, sans que cela soit parfaitement documenté.

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