lundi 12 mars 2007

PSYCHOTROPES - ATTENTION


Voici des extraits d'un article paru dans Le Figaro, le 30 juin 2006, qui nous rapelle la place effrayante que l'utilisation de drogues psychotropes prescrite par le milieu médical a pris dans notre société. Il semble qu'il est à la fois plus facile et plus rémunérateur, d'utiliser des substances qui ont pour propriété de faire disparaître les symptomes que de traiter les causes d'un mal être. Les problèmes qui engendre cet inconfort qu'ils soient sociaux ou strictement personnels, sont ainsi parfaitement évacués par ceux qui sont supposés y faire face ou ceux supposés y répondre.
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La consommation est deux fois plus importante en France qu'en Europe, avec des effets secondaires non négligeables.

Un rapport de l'office parlementaire d'évaluation des politiques de santé rendu public hier au Sénat s'inquiète de la surconsommation en France des médicaments psychotropes (tranquillisants, antidépresseurs, somnifères...). Pour endiguer ce phénomène préoccupant depuis longtemps, ce document, coordonné par Maryvonne Briot, députée, fait toute une série de recommandations aux pouvoirs publics. Il faudrait, réclame-t-elle, promouvoir le respect des bonnes pratiques en améliorant la formation initiale et continue des médecins ; améliorer la régulation du médicament en généralisant les études d'évaluation des bénéfices et des risques ; mieux associer la délivrance de psychotropes et la prise en charge psychologique...

Ce travail parlementaire (...) confirme la persistance d'une situation exceptionnelle de la France par rapport à ses voisins : la part de la population ayant pris un psychotrope au cours des douze derniers mois est deux fois supérieure à la moyenne des pays voisins. Avec quelques nuances, puisque la durée moyenne de consommation est plus faible chez nous que dans les autres pays. Les femmes en usent deux fois plus souvent que les hommes, les personnes âgées bien plus que les jeunes.

Le recours aux psychotropes déjà relevé dans les années 1980 n'a fait qu'empirer : le montant des remboursements de l'assurance-maladie pour ces produits est estimé en 2004 à un milliard d'euros, alors qu'en 1980 il était de 317 millions d'euros. Une croissance liée à la fois à une augmentation des volumes prescrits et au coût accru des nouvelles molécules. Par ailleurs, un fait est particulièrement notable : les antidépresseurs représentent aujourd'hui plus de 50% des ventes, contre 25% en 1980, alors que celles des anxiolytiques et des hypnotiques sont restées stables. (...)

Prescriptions inadéquates

Par ailleurs, l'usage des psychotropes est souvent incorrect : 80% sont délivrés par des généralistes qui ne respectent pas toujours les recommandations professionnelles et les limitations de durée de prescription. «La moitié des personnes consommant des antidépresseurs et plus de deux tiers de celles ayant des anxiolytiques et hypnotiques ne présentent pas de troubles psychiatriques relevant d'une telle indication, souligne ce travail. (...) Le niveau élevé de la consommation française n'implique donc pas une meilleure couverture des besoins sanitaires.»

Les conséquences en terme de santé publique de cet excès restent mal documentées. Les médicaments à base de benzodiazépines (hypnotiques et tranquillisants) sont connus pour avoir des effets négatifs sur les performances intellectuelles et en particulier sur la mémoire à court terme. «Du fait de la proportion importante de personnes exposées à ces médicaments, une augmentation même minime du risque de détérioration cognitive pourrait générer un nombre significatif de cas de démence, avec de larges répercussions sur la santé des populations âgées», précise le document.

Pour ce qui est des antidépresseurs, quelques essais thérapeutiques ont suggéré un risque accru d'idées suicidaires, chez les enfants et les adolescents en particulier. (...) Enfin, les psychotropes ont été impliqués dans les accidents de la voie publique et les chutes des personnes âgées, sans que cela soit parfaitement documenté.

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