jeudi 15 mars 2007

LA LOI DU PLUS FACILE


Image de Marianne Guémèche (http://ateliercreactif.free.fr/images.html)

Aux USA, il existe une véritable école de pensée de psy pour qui les comportements jugés asociaux sont effectivement causés par des dysfonctionnement cérébraux.

Cette école de pensée, bien évidement contestable sur le plan scientifique et largement contestée au demeurant a pourtant réussi à imposer et à faire adopter par des comités d’experts créés par l’administration Bush, ce qui s’appelle là bas le "screening".

En d’autres termes, un examen obligatoire de tout individu afin de déterminer l’existence de dysfonctionnements du comportement et donc de dysfonctionnement cérébraux pouvant être corrigés par un apport médicamenteux et ce, dès la plus petite enfance. Les premières cibles de ce "screening", les enfants des écoles.

Inutile de dire, qu’à la tête de ces comités siégeaient des grands patrons ou cadres de l’industrie pharmaceutique très proches de Bush.

C’est, en fait, une forme de neo-eugénisme qui ne veut pas dire son nom. Le fameux rapport de l’INSERM sur la prévention de la délinquance largement décrié et qui heureusement fait aujourd’hui l’objet d’une mise en garde de l’INSERM, était directement issue de ce lobby américain.

Ses rédacteurs pour beaucoup, mais surtout le coordinateur de cette étude, sont des leaders d’une nouvelle science appelée la "génomique cognitive" - autrement dit, la manipulation génétique afin de modifier le cerveau pour "prévenir" les troubles du comportement.
Je cite comment ils se définissent eux-mêmes: "Les avancées des sciences cognitives et de la génétique ont suivi, en France, des voies parallèles, du fait de la spécialisation des techniques dans chacun des deux secteurs, et aussi de certaines réticences idéologiques ( !!). Dans d’autres pays, pourtant, des cognitivistes de formation et des molécularistes ont su créer un champ de recherche impliquant cognition et génétique."

C’est sur ce même modèle que, par exemple, les programmes visant à la généralisation de la Ritaline pour soigner l’hyper activité ont été développés. On s’aperçoit aujourd’hui que bizarrement, ce sont les populations noires des ghettos ont des enfants hyper actifs dans leur grande majorité.

Bien sur, il ne vient jamais à l’idée à ces experts que la population des ghettos se nourrit principalement de hamburger frittes et que des troubles du comportement peuvent suivre suite à un régime carencé, que c’est une population souvent sous éduquée et que des mômes dont les parents fonctionnent avec 4 000 mots en tout vont être très perturbés à leur entrée au CP, que c’est une population sous médicalisée et que beaucoup de jeunes hyperactifs ont simplement besoin d’une paire de lunettes à leur vue, que le vécu dans un univers de violence n’est peut être pas sans influence sur le comportement des élèves, sans parler des problèmes multiples engendrés par les conditions sociales de chaque individu, etc.

Mais il se trouve, que le traitement social de ces problèmes, sont bien plus complexes et coûteux à mettre en oeuvre que l’administration d’une simple pilule pour leur faire acquérir un comportement social acceptable.

Ce n’est pas la logique scientifique qui les étouffe. Bien au contraire, au Canada (qui a adopté les mêmes programmes), un couple a été condamné pour non assistance à personne en danger ( !) pour avoir refuser d’administrer de la Ritaline à leur gosse. Ils prétextaient (ces idiots "non scientifiques") que les troubles de la soit disante hyper activité de leur gamin étaient apparue lorsqu’ils lui avaient annoncé leur intention de divorcer.

C’est une vision véritablement fasciste de la société où l’individu, son vécu, ses expériences, son environnement, sa propre personnalité, et au final, sa responsabilité sont ramenés à une simple histoire d’influence génétique et de disfonctionnement ou de "maladie" cérébrale. Et c’est un peu comme si les vieilles théories des scientifiques nazis avaient été toilettées de leur obsessions raciales, pour nous être resservies, toutes propres, toutes belles.

Je suis peut être un peu catastrophiste, mais à l’allure où vont les choses, c’est probablement un des plus importants combats dans le futur en matière de liberté individuelle qui est en train de se jouer et qui se jouera dans les prochaines années autour de ce thème.

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